Source MoneyVox 13/07/2023
La formule de calcul aurait conduit à un taux de 4% voire 4,1%… mais le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a finalement annoncé ce jeudi 13 juillet un rendement de 3% au 1er août. Ce taux restera exceptionnellement en vigueur jusqu’au 31 janvier 2025.
Le suspense a savamment été entretenu jusqu’à ce jeudi 13 juillet, 13h. Bruno Le Maire est intervenu au JT de TF1 pour annoncer le nouveau taux du Livret A. Si la formule de calcul aurait permis de l’augmenter jusqu’à 4%, le ministre de l’Economie et des Finances a décidé de le maintenir à 3% pour les prochains mois. Ce nouveau taux sera en vigueur au 1er août.
« Il y a aussi une bonne nouvelle », a ajouté Bruno Le Maire, qui affirme bloquer le taux du Livret A à 3% jusqu’en janvier 2025. Un blocage durable du taux, pendant 18 mois, qui rappelle une situation déjà intervenue fin 2017 : le gouvernement avait décidé de maintenir le taux durablement à 0,75% pendant 2 ans, le temps de mettre en œuvre « une réforme pérenne de la formule de calcul du taux ». Une formule en vigueur depuis le début 2020 et qui s’est finalement révélée inadaptée au contexte de forte inflation.
Livret d’épargne populaire : 6% et plafond porté à 10 000 euros
Bruno Le Maire a aussi officialisé la mise à jour du taux du Livret d’épargne populaire (LEP), dont la formule est elle plus directement corrélée à l’inflation. L’inflation ayant légèrement ralenti, le LEP aurait dû passer sous la barre des 6%, aux alentours de 5,6%, mais… son taux ne « tombera » au 1er août que de 6,1% à 6%., comme l’a annoncé Bruno Le Maire.
Autre information importante : le ministre de l’Economie a annoncé porter le plafond du LEP, de 7 700 euros actuellement, à 10 000 euros. Cela passera par un décret attendu à l’automne 2023 au Journal officiel, comme l’a confié une source proche du dossier à MoneyVox.
Les taux en vigueur à partir du 1er août 2023
- Livret A : 3% pendant 1 an et demi, jusqu’en janvier 2025 (net de tout impôt)
- Livret de développement durable et solidaire (LDDS) : 3% (net)
- Livret Bleu du Crédit Mutuel : 3% (net)
- Livret d’épargne populaire (LEP) : 6% (net)
- Compte d’épargne logement (CEL) : 2% (brut, intérêts soumis aux cotisations sociales mais aussi à l’impôt sur le revenu sur les CEL ouverts depuis 2018)
Pourquoi bloquer le Livret A à 3% ?
« Plus le taux de rémunération du Livret A est élevé, plus les prêts sont chers », a notamment expliqué Bruno Le Maire pour justifier ce blocage du rendement à 3%, insistant sur le fait que l’épargne déposée sert notamment à prêter aux particuliers ou PME.
Livret A : à quoi sert vraiment mon argent ?
L’économiste Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, avance une autre explication : « Une des raisons de la non-application de la formule est liée à la hiérarchie des taux. Un taux autour de 4% aurait constitué un pic dans la hiérarchie des taux. Un produit d’épargne de court terme comme le Livret A serait ainsi beaucoup mieux rémunéré que les autres produits de court terme (dépôts à terme, livrets bancaires) mais aussi que certains produits de long terme et en particulier les fonds euros de l’assurance vie qui sont en décollecte depuis le début de l’année. »
Une nouvelle hausse à venir ?
Faudra-il s’attendre, dans un futur proche, à une nouvelle hausse de taux ? A moyen terme, non, Bruno Le Maire ayant insisté sur le fait que le taux sera bloqué à 3% pendant 18 mois. Et ensuite ?
Dans tous les cas, une nouvelle hausse aurait eu peu de chances d’intervenir. La formule de calcul du taux du Livret A prend en effet en compte deux facteurs : une moyenne de l’inflation des derniers mois et les taux des marchés monétaires. Or l’inflation reste très élevée (4,5% en juin) mais elle a déjà atteint son pic et reste désormais sur un « plateau » avant de potentiellement se replier pour revenir vers 2% fin 2024 et en 2025.
Dans ce contexte, il n’était pas exclu que le taux du Livret A repasse sous la barre des 3% d’ici 2025. Sur ce point, le maintien à 3% sur 18 mois est effectivement un « geste », à long terme, pour le portefeuille des Français mais pas à court terme.