Source MoneyVox du 07/08/2024
Souvent négligées, les questions de santé sont un enjeu pourtant essentiel en voyage. En cas de maladie ou d’accident, la facture peut vite exploser. À la différence de l’Europe, où les soins sont pris en charge, la Sécurité sociale prévoit une couverture très limitée (et non automatique) dans le reste du monde. Par chance, de nombreuses assurances permettent d’éviter la catastrophe.
C’est un sujet qui n’a rien d’anodin. Selon plusieurs études, plus de 5% des voyageurs français consulteront un médecin lors de leur séjour, et 5 sur 1000 seront hospitalisés. Au total, près de 1 million de personnes seront concernées par des dépenses de santé hors de nos frontières, chaque année. Et il suffit de quitter la France pour s’en rendre compte : notre système de soin est l’un des plus protecteurs au monde. En cas d’accident ou de maladie, le tarif des consultations médicales, médicaments et hospitalisations explose, notamment hors d’Europe.
La couverture varie énormément selon la destination. Dans l’Espace économique européen, la prise en charge est plutôt complète. Ailleurs, les situations sont variables, et les remboursements des caisses d’assurance maladie sont souvent limités. Mieux vaut alors être prévoyant, car dans certains pays, se soigner coûte extrêmement cher !
Comment s’y retrouver, et faire les bons choix ? Moneyvox fait le point, destination par destination, couverture par couverture.
Europe : une carte qui protège au maximum
C’est un bout de plastique qui vaut de l’or. La Carte européenne d’Assurance maladie (CAEM) est le Sésame ultime en cas de problème de santé dans l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.
Comment l’obtenir ? Il suffit d’en faire la demande à sa caisse de Sécurité sociale. Pour la CPAM, cela prend 5 clics sur son espace en ligne Ameli. Gratuite, cette carte est fournie dans un délai moyen de 15 jours. En cas de départ urgent ou de perte de la carte, il est possible de télécharger un certificat provisoire offrant les mêmes garanties.
Les garanties ? Individuelle et nominative, d’une durée de validité de deux ans, la CEAM permet la prise en charge des soins médicaux dits « nécessaires », urgents et inopinés. Cela inclut les maladies chroniques et les accouchements. Par contre, cela peut exclure, dans certains États comme les Pays-Bas, les soins dentaires.
Selon la législation du pays, des règles particulières s’appliquent : nécessité de demande préalable d’hospitalisation, consultation obligatoire dans les établissements publics… Et dans certains cas l’avance des frais sera demandée.
Il est indispensable de présenter la CEAM aux professionnels. Et en cas d’avance des frais, il est possible de demander le remboursement dans le pays concerné, ou à défaut, à son retour en France. Pour prétendre à une prise en charge, il faudra fournir les factures et reçus de paiement, accompagnés du formulaire S3125, à sa caisse française. Précision importante : l’accord n’est pas systématique !
Et l’Andorre ? Étonnamment, elle n’accepte pas la CAEM. Mais une solution existe : en demandant à sa caisse le formulaire SE 130-04, le voyageur bénéficiera d’une prise en charge par la Sécurité sociale de la Principauté.
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Hors Europe : un vrai casse-tête !
Au-delà de l’espace européen, la question des soins de santé est un réel bazar ! Plusieurs cas de figure coexistent, selon le pays, votre statut… Un élément à ne pas oublier : les Ambassades et Consulats de France ne prennent jamais en charge les frais médicaux !
Plus de 20 pays ont signé des accords bilatéraux de sécurité sociale avec la France. Ils s’appliquent, parfois uniquement aux voyageurs dans leur pays d’origine. Les accords concernent notamment le Maghreb et certaines destinations d’Afrique, plusieurs pays des Balkans, le Québec, la Turquie…
Quelles garanties ? Là encore, seuls les soins urgents et inopinés seront couverts. L’avance des frais n’est pas systématique, mais si c’est le cas, il sera nécessaire de remplir un dossier à son retour en France. L’assurance maladie statuera alors sur le caractère impérieux des soins. Mais grâce aux accords, le remboursement est plus facile à obtenir. Attention : celui-ci s’effectue sur la base des tarifs français et non du pays concerné. Ce qui n’est pas forcément avantageux, notamment au Québec.
Et dans les autres pays, quelles garanties ? La règle générale, c’est que la Caisse d’assurance maladie ne couvrira aucun soin. Mais étrangement, la Sécurité sociale précise qu’il est possible d’effectuer une demande de remboursement à son retour. Là encore, l’éventuelle prise en charge reposera sur les tarifs des soins en France. Dans certains pays comme les Etats-Unis ou les destinations asiatiques, la facture peut être 5, 10 ou 100 fois plus importante que cette base ! À titre d’exemple, la prise en charge d’un accouchement, d’une appendicite ou d’une fracture peut être facturée jusqu’à 30 000 euros à New York, contre quelques centaines d’euros en France !
Pour éviter ces frais, il est vivement recommandé de choisir une protection complémentaire. Celle-ci est parfois incluse avec sa carte bancaire, de nombreuses assurances habitation ou auto, voire les complémentaires santé. Mais les montants assurés sont souvent limités. Pour avoir l’esprit vraiment tranquille, le marché déborde de contrats dédiés.
Les mutuelles en proposent, mais des compagnies spécialisées comme CHAPKA, AVI, AVA, ACS prévoient des garanties XXL pour quelques dizaines d’euros par mois. Pour éviter toute mauvaise surprise, il est recommandé d’explorer les conditions : le moins de cas d’exclusion possible, une large étendue des garanties, l’absence d’avance des frais, un plafond de remboursement avoisinant les 100 000 euros…
Dans tous les cas : être prévoyant !
Dans beaucoup de cas, anticiper permet d’éviter les tracas des frais médicaux :
- Vérifier ses vaccinations classiques et celles adaptées à la destination, et emporter son carnet avec soi ;
- Prévoir une carte de groupe sanguin ;
- Consulter un dentiste avant son départ ;
- Emporter une trousse médicale : traitements médicaux en quantité suffisante et leurs ordonnances, nécessaire pour traiter ses petits bobos, répulsifs et médicaments contre certaines pathologies, comme le paludisme… Les voyageurs chevronnés ajoutent des antibiotiques « large spectre », qui peuvent de pallier l’impossibilité de consulter un médecin, notamment dans des zones très reculées. Mais mieux vaut éviter de jouer avec les molécules !
Tout ceci fait, il ne vous restera plus qu’à profiter de vos vacances. Mais si la prudence évite bien des tracas, il ne faut pas non plus tomber dans la panique. Fort heureusement, l’immense majorité des voyageurs ne connaîtront aucun souci de santé durant leur déplacement !